Les Amis du Livre Contemporain

Cor Magis,

Photo de Claude Garache 1

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Photo de Claude Garache 2

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Photo de Claude Garache 3

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Photo de Claude Garache 4

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Photo de Claude Garache 5

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Photo de Claude Garache 6

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Cet ouvrage prend place dans nos éditions de manière singulière. Son titre est inspiré par la devise latine :

« Janua patet. Cor magis »
« La porte est ouverte. Le coeur l’est encore plus ».

Pierre-Alain Tâche est l'auteur de nombreux recueils de poésie. Il a participé au comité de rédaction de la Revue des Belles lettres. Pour lui peinture et poésie ont partie liée.
Lauréat du Grand prix de la poésie pour la Voix Verte en 2011. Il a aussi reçu le prix Roger Kovalski.
Sa poésie est empreinte de simplicité et de mystère. Son esthétique est celle de la mesure et du non - dit qui transparaît dans les poèmes inédits de Cor Magis.

Artiste peintre, graveur et lithographe Claude Garache possède un grand talent et une haute notoriété.
Ses oeuvres sont exposées dans les plus grands musées, notamment au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris.
Les « nus » de Claude Garache rejoignent la délicatesse et la mesure du poète.

La beauté est souvent une rencontre entre le rêve du poète et l'expression d'un grand peintre.
Les poèmes et les « nus » de ce livre ne peuvent manquer d'éveiller présence et émotion.

Fidèles à leur vocation, les Amis du livre Contemporain vous donnent accès à cet univers par la poétique d'un livre raffiné, comportant une magestrale préface de Bertrand Noël.



Yves Benoit-Cattin
Janvier 2019.



Le livre Core Magis sera remis aux sociétaires au cours du 1er trimestre 2020, après l'Assemblée Générale.

Préface

L’oreille du coeur

Cor magis : ce titre vous arrête longuement, quel secret héberge-t-il ? Sa révélation viendra sans doute à son heure, et vous voici déjà lisant quand vous surprend le geste de tendre l’oreille.. Non, ce n’est pas une image mais le résultat d’un saisissement car au bout de quelques pages un air vous a semblé s’élever : un air qui n’est pas sonore et qui pourtant n’en résonne pas moins comme soufflé par les syllabes. C’est léger, très précisément rythmé bien que les vers soient libres. Vous n’avez pas le souvenir d’une pareille résonance aussi simplement produite par la souplesse des enchaînements, leur simplicité, leur nature comme si toutes coïncidaient d’avance avec votre émotion. Il vous semble vivre ce que vous lisez : comment exprimer plus simplement la confusion du dire et du sentir ?

Le poème de Pierre-Alain Tâche provoque si vite l’émanation d’une présence que celle-ci vous murmure son amour, non comme une confidence, comme si la vie se dédoublait dans son récit pour devenir réalité partagée. Aucun effet, le seul mouvement de la rencontre jusqu’à cette usure naturelle qui, loin de l’épuiser, accentue en elle le durable. Ce que l’on n’aperçoit qu’avec les yeux du coeur participe du même élan que l’air qui suinte des syllabes, et qui n’est pas chanson mais sens silencieux. Et ce sens agit sur nous par une empreinte qu’on ne sait autrement nommer que plaisir de lire.

Ce plaisir est aussi continu que constant avec Cor magis perçu d’abord comme une suite de modulations musicales, puis comme un souffle jouant des résonances et des échos. Quelque chose s’affirme, qui a bien l’allure d’un poème, mais qui appelle un partage intime dont la constante discrétion suppose un partage d’autant plus vif. Il est question vers la fin d’un « mur blanc / que l’on voit seulement / avec les yeux flous du dedans ». Ces yeux-là ne cessent d’ajuster leur regard à la tonalité verbale qui rend inséparable la lecture et l’écoute. Cette coïncidence est si rarement réussie qu’on ne peut que l’interroger et constater que Pierre-Alain.
Tâche n’image pas mais s’efforce toujours d’ajuster le mot et la chose ce qui, mine de rien, renouvelle la nomination, et donc le vocabulaire amoureux. Ainsi « le flux que la vie verse dans la vie » évite le décalage que la plupart des récits finissent par installer avec leur sujet.

Le lecteur est rapidement stupéfait de partager une vie amoureuse sans avoir cédé à la moindre séduction poétique et par le seul entraînement de l’attention portée à l’Autre. Ce sentiment redouble quand le constat du déclin de l’âge n’entraîne aucune perte de tension dans la tendresse attentive ni dans le rythme de la relation dont l’empreinte demeure tout aussi vive. Il apparaît alors que dire son attachement et prendre langue pour ce faire « c’est verser / l’eau transparente de l’échange / et sa tendresse intemporelle, / au creux de la douleur aphone / et si étrange du vieillir. » Vieillesse rime alors avec tendresse et « le dur désir de durer » fait de chacun le gardien de l’autre. Le ton bien sûr n’est plus le même, le corps non plus, et cependant qu’il s’obscurcit le goût du sens demeure bien le même.

La relation entre le poème de Pierre-Alain Tâche et les lithographies de Claude Garache tient sans doute dans le désir de figurer d’abord le sujet, mais une fois que l’oeil a fait son travail d’identification, il prend le temps de contempler et une toute autre relation apparaît. Leur spectateur se souvient qu’en se mettant à lire, il avait tout à coup tendu l’oreille à un air qui le bouleversait bien qu’il ne fasse vibrer que du silence. La même impression le saisit, mais cette fois sans concerner son oreille, en voyant les vibrations qui s’élèvent de chaque corps. Ces vibrations l’emportent bientôt sur la forme et elles intensifient l’attrait de chacun des corps figurés. Difficile de dire ce qui poudroie, rayonne, palpite et ne cesse de souffler dans la forme une vitalité visuelle, qui anime alentour tout l’espace et l’intérieur des yeux. Toute l’intimité se met en mouvement tandis que le poème et les images se renvoient de la vie…

Bernard Noël



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