A l'expression émouvante et sereine de l'aventure d'Ulysse
d'Enki Bilal, inspirée par l'Odyssée succèdent dans ce livre deux « lectures »
du chef-d'oeuvre de Mathias Grünewald* , situé au musée des Unterlinden
de Colmar.
Dans une préface poétique et subtile, Yves Peyré présente ces « deux
libres lectures de Grünewald ».
L'une de Joris-Karl Huysmans, l'autre de Vladimir Velickovic, par son
trait acéré.
Ce livre est une « mise en scène » de la Présence et de la Réalité Intérieure
de l'oeuvre majeure de l'un des plus grands artistes du Moyen-Age qui a
traversé les siècles.
Savons-nous que l'on doit aux Perses le supplice de la crucifixion ? Dès
le premier siècle avant Jésus-Christ, puis sous l'empire romain il était très
largement répandu.
Les artistes s'en sont saisis à leur manière, admiration, ferveur, détournement
et blasphème. A l'ère moderne, Picasso, Dali ou Francis Bacon ont ressenti
l'appel de l'icône chrétienne suscitant fascination ou rejet. Ils savent
qu'ils utilisent une icône chrétienne, présente dans tous les esprits même
profanes.
Velickovic, sensible depuis longtemps au puissant appel du retable de Grünewald
en a absorbé le sens, fasciné par sa beauté convulsive. Il le met à notre portée grâce
à son immense talent de dessinateur et de peintre.
Yves Benoit-Cattin
mai 2014
Je ne me lasse pas de manipuler avec le plus grand doigté ce superbe coffret, qui donne à voir l'heureuse et éblouissante rencontre entre une oeuvre universellement connue, un peintre d'un puissant talent et un critique d'art visionnaire
J'ai été frappé de l'osmose entre thématique, la crucifixion, et la réflexion à un siècle de distance qu'en donnent d'un côté Joris-Karl Huysmans et de l'autre mon confrère Vladimir Vélickovic.
Le retable d'Issenheim de Matthias Grünewald fait partie des chefs d'oeuvre intemporels de la peinture universelle. Cette représentation de la crucifixion par un artiste allemand médiéval longtemps oublié a été saluée par Joris-Karl Huysmans comme l'oeuvre d'un "sauvage de génie" et "le plus forcené des réalistes et des idéalistes". Vladimir Vélickovic s'est intéressé très tôt à ce thème. Mon regretté confrère Jacques Taddéi, lors de l'installation de Vladimir Vélickovic sous la Coupole en 2007, met en exergue "la série de peintures sur papier, plus quelques toiles que lui a inspiré depuis 1994 et particulièrement en 2003-2004, la crucifixion du Retable d'Issenheim" et fait référence au poème le "Palympeste des peurs" du poète André Velter qui cite
"(....) ceux qui montent au Golgotha. A l'échafaud. Au paradis
Qui montent pour mourir".
Vladimir Vélickovic réinterprète avec force, avec brio, avec violence aussi, à cinq cents ans de distance, une iconographie chrétienne qui traverse toute l'histoire des arts depuis deux siècles. C'est une incroyable réussite et je suis heureux que les Amis du Livre Contemporain aient choisi d'interroger et de donner à voir ainsi la fécondité des racines chrétiennes de notre civilisation.
Gabriel de Broglie
juin 2014